Vieille Chouette

La lumière. Un rayon de soleil m'avait totalement frappé la pupille, puissant, aveuglant. J'aimerais bien être aussi haut que le soleil... Lorsque je pris la peine de me redresser, je fis un soupir en constatant que ce n'était pas un simple cauchemar : j'avais bel et bien été reçu à l'Académie d'une façon aussi pitoyable. Le recruteur était un de ces vieux snobs complètement idiots pas foutu de concevoir un test de recrutement décent, totalement gamin et imbu de sa personne...

Et c'était bien sa faute si j'étais ici : la 4ème division. Mes blessures semblaient réellement guéries, bien que les bandages n'avaient pas été retirés, je ne ressentais plus la moindre douleur apparente. Le plancher de la pièce et les draps du lit dans lequel j'étais couché étaient propres. Un environnement que je n'aurais jamais soupçonné découvrir : dans mes souvenirs, le mieux dont j'avais pu hériter étaient quelques draps crasseux et des habitations précaires.

Il y avait d'autres lits, quasiment tous occupés par des personnes endormies. Des hommes, des femmes, même un enfant, probablement car il avait l'air en piteux état pour une raison inconnue, lui donnant la nécessité de soins plus intensifs. Quelques femmes en Shihakusho étaient groupées autour de lui et s'appliquaient à le soigner. Une petite lueur verte mystique et salvatrice s'échappait de leurs mains et une sorte de barrière les enveloppaient.

Bien que siéger dans un tel palace n'était pas réellement déplaisant, j'avais bien assez pioncé comme ça alors je me mis debout et je sortis de la pièce. Les autres femmes semblaient si concentrées qu'elles n'avaient pas même remarqué que j'étais sorti. J'avais aucune fichtre idée d'où était la sortie et d'où je devais aller pour me rendre en cours, mais je le ferais.

- Pourquoi est-ce que vous êtes hors de votre lit ?

La voix m'évoquait une sorte de vieille marâtre d'une histoire racontée aux enfants, pour leur donner un vain espoir... Et en fait lorsque je fis volte face, je ne fus pas surpris le moins du monde : ses cheveux avaient l'allure fière d'un paillasson, grisâtres. Son Shihakusho semblait sale. En fait la seule chose qui pouvait surprendre, c'était une sorte de regard complètement absent.

- Je n'ai plus besoin de repos.

En un instant, la mégère sortit une sorte de bâton et l'abattit au niveau de mon épaule, causant une bien plus vive douleur que ce à quoi je me serais attendu, me paralysant sur place pendant quelques instants puis elle le rangea en me lançant hautain :

- Plait-il ?

- Putain, je vais vraiment vous faire la...

Mon rugissement se stoppa net : je venais d'avoir la surprise de distinguer des sortes de fleurs de cerisier rougeâtres qui tombaient et ma vue s'était soudainement troublée alors que la vieille folle m'observait d'un regard satisfait. Mes forces commencèrent à me quitter puis... Plus rien.