Le désert du hueco mundo, en cette heure supplémentaire de nuit éternelle, se tut. La terre infertile des prédateurs irascibles, comme à son habitude, ne laissait pas même le murmure du vent la déranger. Pourtant, au cœur de ce labyrinthe aux murs de vide, une forme tint courbée, provoquant les dunes plates du monde. Cette forme répond au nom de Yupiyakel Odi, et cette courbe de son dos. L'être maudit par la vie marchait, d'un pas lent et ennuyé, utilisant aussi efficacement que possible son Pesquisa. Cet être mortifié continuait sa macabre démarche, avec ses jambes à la peau noirâtre au reflet cramoisie, dignes des plus beaux cadavres immolés par le feu. Les bras fins et abusivement longs de l'erreur de la nature atteignaient le sol et créaient derrière son dos un petit chemin dans le sable immobile. Si ces deux membres squelettiques pouvaient ainsi se balader, c'est par la faute du torse informe et bossu de l'horreur qui offrait une colonne vertébrale mille fois plus tordue que celle d'un humain. Le wendigo au corps de cadavre informe, possédait comme masque, le crâne sanguinolent d'un croisement surnaturel entre un loup et un cerf. Comme seule arme, cet être brandissait le désespoir, n'attendant qu'une proie pour accomplir sa chasse.

L'ennui guettait, comme d'ordinaire, la place du désespoir dans l'âme du plus triste prédateur de cette vaste blague que certains nomment monde. Le sable grisâtre aux pieds de l'ancien amérindien ne produisait qu'un léger bruit lorsqu'une pression déjà détectée depuis quelques temps décida enfin de se montrer. Du sol jaillit une colonne de sable, tombant à la manière d'un rideau théâtrale pour laisser se présenter à nous un long serpent au corps blanchâtre, et au masque bestiale. Un simple hollow... Pas même un Menos Grande. Poussée par plus de faim que de raison, la créature stupide fonça sur sur le pire cauchemar des êtres censés, et ouvrit la gueule. Alors que la chose s'approchait, Yupiyakel ne ralentit pas, n'accéléra pas, ne regarda même pas cette chose, préfèrent continuer sa recherche. Un simple murmure se fit entendre...

-Il est trop faible... Inutile de s'arrêter pour lui.

Le serpent, la mâchoire grande ouverte, arriva sur Odi, et referma ses crocs. Soudain, la peau du cadavre se solidifia si bien que c'est les dents de la bête qui se brisèrent, alors que sous le choc, son masque se fissura en plusieurs points. La pression spirituelle du mortifié, comme une onde de choc, se libéra et élargit encore les cassures sur le masque de ce pauvre hollow qui vit cette partie de son corps se détruire, et sa vie se condamner. Alors que la chose partait en poussière, trois seuls mots vinrent...

-Reposes en paix.

La marche continua donc, sans s'être interrompue à un seul moment. Ironiquement, après dix mètres seulement, semblant toujours perdu dans son monologue, le mortifié s'arrêta, fixant le vide. Sans bouger son corps, il retourna sa tête dans un angle proche des quatre vingt degrés sur la droite, laissant sonner des craquements d'os toutes les demi secondes pendant son lent mouvement. Le monstre fixait quelque chose que ses yeux ne pouvaient encore voir, en direction de la forteresse de Las Noches. Qu'importe, son Pesquisa l'avait vu...

-Nous l'avons trouvé, Chisanashi... Enfin un digne d'intérêt.

Dit l'être sombre en tapotant légèrement sa crinière brune, faite de longs poils descendant jusqu'à ses épaules faussement calcinées. Yupiyakel replia ses jambes, et d'un Sonido bondit jusqu'à ce que son pesquisa avait trouvé: une pression spirituelle digne d'être une proie. Courant plus vite qu'il ne pensait, le monstre arriva finalement face à sa cible en un instant, poing levé, pression relâchée, et là... Il s'immobilisa. Odi ne frappa pas la créature qu'il voulait pourfendre, il n'essaya même pas. Seul un hierro à but défensif était déployé dans son corps pour prévenir les coups de sabres éventuels venant d'en face. Car oui, l'adversaire disposait d'un sabre. Plus étonnant encore, la chose avait une énergie spirituelle marquée par l'impureté d'un hollow, mais n'en avait nullement le visage. On eut dit une humaine aux cheveux verts, et à l’apparence aussi naïve que frêle. Ce n'était pas un hollow, dans le monde des hollow... Quelle erreur cet être pouvait-il être? Ironiquement, cette seule question attisa la curiosité de Yupi qui décida, sans prévenir, de ne pas tuer sa cible pour l'heure. Une question vint presque immédiatement, alors que le morbide chacal recommençait à palper sa fourrure crânienne....

-Qu'est-ce, Chisanashi?

La chasse est ouverte. Elle dure encore et durera tant qu'on vivra j'imagine. Manger pour augmenter en puissance ou au moins pour ne pas régresser et redevenir un de ces légumes géants qui se baladent sous nos pieds. Quelque part après toutes ces années il y av une sorte de lassitude qui s'installe. Chasser et manger pour rester conscient de soi, mais au fond à quoi bon être conscient si ce n'est que pour chasser et manger? Quelque part c'est peut être une explication au fait qu'on trouve jamais de hollows plus puissants que nous depuis un certain stade? Ou alors ils sont partis pour ce château géant à l'horizon.
Le mortifié qui m'accompagne pour cette expédition s'est fait attaqué par un hollow des plus faibles, tellement qu'il est mort rien qu'en mordant le hierro, c'est d'assez loin la mort la plus stupide que j'ai vu. D'ailleurs la souris chasse de son côté cette fois-ci, couvrant de toutes façons bien plus de surface que nous avec ses versions miniatures, elle a pas tellement besoin de nous.
Soudain le cadavre ambulant marque une pause et regarde sur le côté. Il semble avoir trouvé une proie digne d'intérêt, et effectivement je la senti très peu après. Mais cette présence avait une sorte de bizarrerie que je ne saurais identifier... Bah peu importe, un repas est un repas. Il ne m'attend d'ailleurs pas pour foncer sur sa cible, je le poursuis alors à la même vitesse pour au moins ne pas rater le spectacle, mais au final il s'arrête sans porter de coup.

"Qu'est ce qu'il se passe?"

Je monte sur son épaule solidifié et voit...une humaine? Du moins en apparence ça y ressemblait, mais mis à part mes yeux tout m'indiquait que ce n'en était pas une. D'ailleurs le macchabée ne tarde pas à me poser la même question que moi. Il n'a donc pas non plus la réponse, nous voilà bien. Maintenant la seule qui peut nous la fournir c'est l'intéressée.

"Une humaine, du moins en apparence, mais son aura est très similaire à celle d'un hollow et bien trop forte pour être celle d'une humaine. Demandons-lui directement plutôt"

Je saute devant elle, paraissant détendu bien que je ne relâche pas ma garde.

"Tu es un hollow non? A en juger par ta puissance apparente tu ne dois pas être un Vasto Lorde je me trompe? Qu'es-tu?"

Les chiens errants ont cela de commun avec Yupiyakel que, face à une créature si étrange que la demoiselle à la crinière verdâtre, les contacts vocaux se font rares à l'inverse de ceux tenant du visuel. Le mortifié, après la descente au sol de son camarade, fixa l'arrancar en approchant sa tête sans même se mouvoir lui ou son dos. Du mauvais point de vue, on eut cru voir son cou s'allonger et se tordre comme on pourrait le faire avec les cervicales brisées. Cependant, même si ses mots étaient rares, le monstrueux personnage continuait d'écouter les deux interlocuteurs afin de ne perdre la moindre information. Odi avait cela de curieux que, face à ses interrogations, il perdait bien souvent son hostilité et oubliait l'espace d'un instant sa monotonie classique. C'est en un sens sa façon de fuir son désespoir constant.

A n'en pas douter, Chisanashi était aussi perdu face à cet être que le morbide amérindien, et aucun des adjuchas ne semblait hostile. Quant à la demoiselle, évidemment qu'elle était méfiante et prête à détaller comme un lapin face à un loup et un tigre. Mais cette étrangère resta tout de même très calme, si bien qu'à sa propre surprise, Yupi put se prétendre frappé par sa sérénité, ou bien son ignorance. Après tout, il faut au moins l'une de ces deux qualités pour ne pas perdre l'esprit face aux pires démons que ces terres aient pu engendrer. Mais ce n'était pas là ce qui intéressait le plus la bête chez la belle. Non, le plus passionnant, ce fut indéniablement les mots de la pâle piégée. Elle s'identifiait à une arrancar, et a expliqué aux deux autres énergumènes que cette race n'était en fait qu'une évolution d'hollow après le retrait de son masque. Cependant elle fit une bien mauvaise publicité au procédé, en ajoutant un commentaire "maintenant j'erre sans but". Une dernière phrase qui arracha un commentaire au mortifié...

-Il faut croire que c'est le destin de tout être dans ce désert...

Malgré cette marque de sarcasme, Asuna avait réussi quelque chose de relativement facile chez un être comme Yupiyakel: elle venait d'installer le doute. Milles questions se posaient à l'incarnation de la guerre qui ne savait plus vraiment ce qu'elle désirait connaître. L'erreur de la nature s'approcha alors bien près d'Asuna. Trop près, eut dit la prudence et probablement aussi les instincts de survie de son interlocutrice, si tant est qu'elle raisonne comme tout le monde face à un cadavre en voie de décomposition vif. Évidemment, le hierro de l'autre monstrueux personnage demeurait efficace lorsqu'il vint poser une question qui, en un sens, lui semblait essentielle. En un sens, il voulait savoir si même pour lui il était un avenir meilleur que la mort...

-Dis moi, Asuna, ancienne Adjuchas... Si tu avais le choix... Abandonnerais tu encore ta nature de hollow ?

Indéniablement, l'horreur envisageait déjà lui même de fuir cette nature. Mais il savait ce plan ridicule: il était pourri de l'intérieur, et toutes les réincarnations possibles ne le feront pas redevenir inconscient de cet état.

La pseudo humaine se présente comme une arrancar, un adjuchas qui aurait arraché son masque. C'est possible une chose pareille? Pourtant si le masque d'un hollow est brisé il meurt sur le coup, mais s'il se fait arracher il évolue à nouveau et n'a plus besoin de manger en permanence? Ça paraît presque trop beau pour être vrai. Quand bien même ça l'était, avec mes petites pattes actuelles je risque pas de réussir, surtout qu'apparemment la douleur est infernale. Dans tous les cas comme elle le dit elle erre sans but, donc ne plus avoir besoin de manger ça me ferait une belle jambe, étant donné que chasser et être chassé c'est la seule distraction dans ce désert. Quoique je pourrait en profiter pour aller voir ce château à l'horizon. Cette épée m'intrigue tout de même, elle ressemble beaucoup à ceux de la shinigami que j'ai affronté. Yupi lui demande ensuite si elle voudrait revenir en arrière si elle pouvait. C'est pas vraiment une question qui m'intéresse mais j'imagine que ça doit être important pour ce suicidaire. Ce qui m'intéressait est ailleurs

"Et lors de ta transformation, tu as dis avoir eu une douleur insupportable, bien que ça n'a pas eu l'air de t'arrêter. Mais par rapport à ta puissance, tu as senti une quelconque différence?"

Ça a tout de même son importance, si on a plus besoin de manger mais qu'on perd la majorité de sa force on va juste devenir une proie, ce serait pas le but. Tandis que si on en devient plus fort ce serait totalement bénéfique avec juste un mauvais moment à passer. Si je regagne une apparence humaine, je me demande si j'aurais une apparence adulte ou toujours celle d'un enfant... C'est pas important après, même si garder ma petite taille a de nombreux bénéfices

La dame aux cheveux verdoyants ne semblait que peu impressionnée, et n’éprouvant qu'une empathie relativement faible, le monstre ne su pas reconnaître la peur qui l'animait. En cela, Yupiyakel éprouvait une sorte de respect pour cette interlocutrice. Mais plus important que cela, le morbide personnage trouvait en les mots de cette tête de gazon de réelles informations dignes d'intérêt, et quelques réponses qui lui plaisaient. Pourquoi ? Car il se reconnaissait dans les mots de l'arrancar, voilà tout. Oh, l'intérêt de l'amérindien n'était pas porté sur l’aptitude de cette femme à errer sans but, non, cela était trop classique. Il se moquait tout aussi éperdument des mots de cette dame sur l'aspect sécuritaire de son évolution, car ce n'était pas la sûreté que cherchait l'horrible personnage. En revanche, dès que Asuna déclara pour la seconde fois qu'elle se trouvait hideuse, le fou ne pu retenir une légère pointe d'entrain tant il se trouvait semblable. Doit-il comprendre qu'on devient moins hideux des suites du retrait du masque ? Devient-on aussi plus humain en dehors des apparences ? Ou bien l'espoir auquel s'accroche le masqué est-il vain ?

-Si c'est flou pour vous, semi humaine, comprenez bien que ça l'est mille fois plus pour nous...

L'horreur en décomposition se leva alors de toute sa hauteur, et se tourna une seconde vers le palais lointain, puis il approcha à nouveau sa gueule de la femme qui parvenait littéralement à le galvaniser. En cet instant, l'habituelle quête dans l'optique de trouver la mort de Yupi s'en était allé, et c'est maintenant un tout autre objectif qu'il avait en tête. Ce nouveau but était simple et serait soit atteint soit perdu dès la fin de cet échange avec cette inconnue: il voulait simplement savoir si il était capable de devenir autre chose. Jamais le monstre n'avait autant hais quelque chose que cette forme d'hollow, et l'idée de pouvoir s'en libérer au profit d'une nouvelle forme dénuée de regrets lui plaisait hautement. Inutile donc de dire que son air curieux se nourrit de lui même, et se fit de plus en plus présent. Mais le mortifié n'en était pas moins oppressant. Au contraire, l'idée de ressentir se déchirer au travers de son masque un semblant de sourire sous l'effet de l'intérêt que porte l'horreur à ces histoires était plus que malsaine.

-J'avoue que vous m'intriguez hautement, Asuna... J'ai mille question à poser sur cette évolution. Mais également sur ce palais que vous auriez visité. Quel était cet "accueil" dont vous parlez ? Qui y réside ?

L'infernal personnage laissa alors ses longs bras qui, depuis le début de la rencontre, frottaient littéralement le sable aux pieds du mal formé tant ils étaient longs, se lever. Là, l'obscure personnage laissa se poser sa main droite sur l'épaule de cette inconnue qui suscitait chez lui tant d'interrogations, et il ne posa qu'une dernière questions. Mais pour lui, c'était la plus importante de toutes...

-Vous avez arraché votre masque, vous êtes maintenant dans un état de puissance stagnante... Mais tout ceci ne m'intéresse guère. Je veux juste savoir... Hormis votre apparence, vous estimez vous plus émérite de vivre que les erreurs que sont tous les masqués ? Il n'est pas de bonne réponse. Je ne vous demande que d'être honnête.

Donc si j'en crois cette pseudo-humaine, une fois la transformation effectuée notre niveau global ne change pas, mais le fait de ne plus manger constamment réduit notre progression. Cependant rien ne prouve que l'ont ne peut plus progresser en mangeant, cela pourrait juste ne plus être une obligation mais rester une option. Et pour ça il "suffirait" de retirer son masque.. C'est assez farfelu sachant que briser nos masques nous tue sur le coup, pourquoi l'arracher produirait-il un effet différent? Qu'est-ce que c'est ce foutu masque au final? Et est-ce que si quelqu'un d'autre l'arrache, on évolue également? Ce serait un pari très risqué car le cobaye peut mourir, mais si c'est possible ça rendrait la chose plus simple que de l'arracher soi-même... Mais il y a tout de même d'autres choses qui me turlupinent, tout comme mon camarade.

"Cette épée que tu transportes, tu la possédais avant de te transformer?"

Elle ressemble beaucoup à celle que la shinigami rousse utilisait. La taille et la forme sont similaires. Et s'il y avait un lien? L'aura de cette fille est totalement différente de l'autre, mais portent toutes deux une épée. Si les arrancars sont des épéistes comme les shinigamis, ce serait une coïncidence assez grosse.. Mais elle pourrait être simplement dû au fait qu'il s'agit d'âmes humaines à la base dans les deux cas? Retirer le masque pourrait être une sorte de purification, ou quelque chose du genre... Mais tous les cas cette "phase finale" comme elle l'appelle semble être un projet d'avenir assez prometteur avec le palais en question. Mais si je veux pouvoir retirer mon masque, il faudrait que je devienne Vasto Lorde d'abord, ne serais-ce que pour avoir des bras digne de ce nom pour le faire...

"Dans tous les cas ces informations, bien qu’incomplètes, sont très utiles. Donc on va t'épargner, pas vrai?"

Je m'adresse au gros monstre sur la fin, ça ne devrait pas lui poser de problèmes je pense, et cette fille pourrait encore être utile pour glaner d'autres informations

A n'en pas douter, malgré le semblant d'aisance qui semblait s'installer depuis déjà quelques secondes, la présence et les actions du mortifié n'aidaient pas à la détente de l'interrogée. Ou alors étaient-ce ses questions qui, de par la réflexion personnelle qu'elles nécessitaient, rendaient leur résolution complexe ? Pourtant, l'arrancar put se vanter de surprendre Yupiyakel par ses doutes, car ceux-ci étaient rares et contrôlés. La demoiselle parvint, en dépit de mille raisons de craindre et de laisser son intellect couler dans un océan de peur, à formuler les réponses attendues par l'odieux colosse.

En effet, Yupiyakel était maintenant sûr de deux choses. Il existe chez les arrancars une société, ou tout du moins un groupe plus ou moins imposant résident dans la forteresse. De plus, de ce qu'il voyait de son interlocutrice, les arrancars étaient intelligents. Il devrait donc exister plus que "tuer ou être tué" dans ce monde. Mais hélas l'accueil que décrivit Asuna laissa à Odi fort peu d'espoir sur ce point. Quant à son autre question, là encore, ce fut la réponse la plus décevante possible pour l'horrible personnage, qui sortit des lèvres de la femme aux cheveux verts. Même devenu humain en apparence, le diable gardera toujours en son âme l'amertume comme seule compagne. C'était le fardeau des Hollow de demeurer si creux que leur nom le voulait, et ce en dépit de toute évolution pour un visage humain. L'arrancarisation n'était donc pas une fin en soi pour le monstre, si ce n'est pour se débarrasser de cette faim constante qui lui dévore les entrailles et qui même en ce moment lui donne envie d'abattre ses crocs sur le visage de la demoiselle qui lui est pourtant bien sympathique.

Yupi se tut. Il se contenta d'écouter une à une les réponses aux questions fusantes, ayant eu globalement tout ce que son esprit voulait réellement savoir. En somme, il fut déçu par cette rencontre, désespéré de ces annonces, et peu étonné de ces mauvaises nouvelles. Ne jamais retrouver son humanité, avoir pour seule société l'anarchie en ce désert... Cela faisait bien longtemps que le morbide bonhomme l'avait plus ou moins imprimé, mais la verdoyante vint comme un marteau lui enfoncer le clou qu'est cette réalité désagréable. Le monstre laissa alors tomber son bras qui, tout à l'heure, s'était avancé jusqu'à l'épaule de la pauvre fille. Sans plus attendre, Yupiyakel recula son crâne et redressa son dos, gagnant au bas mot deux têtes de haut.

-Tes réponses m'ont terriblement déçu, arrancar.

la lueur de rouge derrière le masque à l’apparence de crâne de cervidé tacheté de sang sembla faiblir. L’œil du Hollow perdit, comme par bien d'autres occasions, de son éclat. On eut alors l'impression de fixer deux orbites vides avec un fond cramoisi assombri par la nuit éternelle. Comme si c'était une carcasse creuse qu'on voyait. Et pour cause, le peu d'espoir de la monstruosité avait disparu, et comme d'ordinaire, ses yeux reflétaient ce que son âme ressentait: rien, si ce n'est la lassitude. Ainsi postée, la créature baissa alors la tête.

-Tu m'as déçu, mais tu as mes plus sincères remerciements pour ton honnêteté, ancienne Adjuchas.

Enfin vint la question de Chisanashi adressée directement au mortifié, qui se tourna alors vers son camarade, le fixant d'un regard devenant alors légèrement intrigué. Étonné qu'une telle proposition ne vienne de son ami félidé, l'Amérindien réfléchit une seconde...

-L'épargner ? Ce serait horriblement cruel.

Le mortifié tourna alors son regard vers la femme à l'allure originale, et au masque partiel. Pour lui, la vie de l'arrancar allait mal finir. Elle revient de la forteresse, et après avoir failli y périr, elle veut y retourner. Elle partage cet avis avec Yupiyakel qu'un Hollow est un monstre, et ce qu'importe sa forme. Elle est donc théoriquement d'accord sur ce point: aucun des trois compères ne mérite de vivre. Pourtant, ses actions depuis le début étaient bien calculées pour ce but incohérent: vivre. Par reconnaissance pour son honnêteté, Odi murmura...

-Tu veux vivre, n'est-ce pas ? C'est une erreur... Mais il en sera fait selon ta volonté. Je n'ai pas d'intérêt à forcer ton repos éternel.

Il était maintenant une seule question à l'esprit de la bête: pourquoi ? Chisanashi a ceci en commun avec tout autres chiens de chasse du désert, qu'il n'agit pas par bonté et sûrement pas par altruisme. Dévorer cette femme serait profitable à sa quête de puissance, alors pourquoi diable vouloir l'épargner ? Par reconnaissance ? Ce serait là bien original de la part du félin. Aussi, il avait dit les informations utiles... Mais que comptait-il en faire ? Arracher son masque et aller saluer les trois clampins du palais ? C'était là des questions qu'il faudrait lui arracher avec subtilité. C'est pourquoi Yupiayakel demdanda haut et fort...

-Que comptes tu faire de la femme et de ses informations, Chisanashi ?

Donc le bâtiment n'est gardé que par 3 arrancars qui sont pas "si forts que ça", donc j'imagine qu'ils sont un peu plus faibles qu'elle. Pouvoir entrer de force semble donc très facilement faisable, du moins au début. De plus la puissance stagne plus, sans doute dû au fait qu'elle mange beaucoup moins. Et aussi cette épée serait donc une matérialisation de ses pouvoirs. Serais-ce la même chose pour les shinigami? Celle que j'ai affronté utilisait des pouvoirs variés sans même dégainer, donc j'imagine que non. Il faudrait que j'en affronte d'autre pour confirmer ça. Mais du coup si je la désarme elle perdrait une majeure partie de ses capacités?
Je lève aussi un sourcil au fait que Yupi ait désigné mon souhait de l'épargner comme "cruel" avant de me souvenir qu'il était suicidaire. Il me demande aussi ce que je comptais faire de ces informations. La réponse me semblait évidente mais c'est peut être qu'une confirmation de sa part.

"Ce château semble être un bon projet d'avenir, d'autant plus si on a plus l'obligation de manger. Dans tous les cas tout ça m'intrigue fortement. Je suis bien curieux de connaître quel genre de société il y a à l'intérieur. Si c'est un minimum civilisé avec un risque d'attaque extrêmement réduit, alors la transformation en arrancar suivit de l'installation à l'intérieur me plaît énormément."

Quand j'y pense ce serait la première fois de mon existence où j'aurais vraiment un toit. Encore faut-il savoir s'il est sûr. L'autre adjuchas m'avait aussi intrigué sur cette immense forteresse et disait vouloir tenter une sorte de raid dessus. Dans tous les cas on manque d'informations. J'ai un gros doute sur le côté paisible de la vie d'arrancar, même une fois à l'intérieur. Quant à la fille elle peut avoir diverses utilité, comme expérimenter avec elle, ou juste avoir un pion sacrifiable au cas où. De plus depuis tout à l'heure elle se contente de répondre à nos questions, sans donner vraiment plus d'information que ça. Du style avoir ses pouvoirs transformés en épée, elle ne s'est pas vraiment étendu sur les explications.

"Dans tous les cas il faut trouver un moyen d'avoir plus d'informations sur cet endroit. Donc il faudrait réussir à s'infiltrer à l'intérieur, ou comme tu le disais capturer un arrancar qui y loge. Une fois qu'on aura ses informations on pourra aviser sur la façon dont on pourra s'installer là-bas. Enfin si l'idée d'une vie potentiellement paisible te déplaît vraiment, si c'est le cas on ira sans toi"

Évidemment, face à cet individu singulier qu'est l'amérindien, chacun avait sa petite réaction. Une pointe d'étonnement se fit percevoir chez le félidé suivie du classique regard qui veut dire "Ah oui, c'est Yupi...". L'arrancar, elle, était bien évidemment heureuse d'être promise à un prolongement de sa torture. Torture que la demoiselle se permit d'appeler "deuxième chance" face à Yupiyakel. Le bougre était sceptique devant tant d'optimisme de la part de la brave Asuna. De plus, il ne comprit pas pourquoi cette femme voulait soudainement lui remonter le morale. Pourtant, le rapport fait par l'interlocutrice avec le palais laissait deviner que la compagnie d'un être comme Odi la rassurerait. Mais il est loin d'être le maître de la sociologie, le désespéré. Il se contenta donc de penser à chaque mot de la verdoyante pour répondre en fixant le palais...

-Une deuxième chance ? Ni toi ni moi n'avons eu une première chance... Tâches de conserver ton illusion aussi longtemps que possible. Mais ta proposition n'était pas nécessaire. J'irais au palais... Cela occupera au moins mon attention pendant dix minutes.

L'être d'autres siècles garda un regard fixe vers le palais pendant plusieurs secondes, repensant à ce qu'il espérait y faire... S'amuser ? De quoi donc peut s'amuser un être sans foi ? Trouver un foyer ? Un foyer n'intéresse pas notre grand con. Rencontrer des êtres atypiques ? Déjà que ça fatigue Yupi de rencontrer des hollow sans nom qui meurent à sa seule approche... En somme, le torturé n'avait rien à espérer de ce château. Aucune raison réelle d'y aller. Il en avait pourtant, et pour une raison obscure, une ferme volonté. La conclusion était simple pour l'amérindien. Il se définit intérieurement comme trop stupide pour abandonner. Il croyait trouver quelque chose au sein de ce palais qui lui offrirait une raison de vivre, sachant pertinemment que même tous les esprits de ses ancêtres et le créateur ne parviendraient pas à offrir cela au fou. En un sens, c'était ici Yupiyakel qui était illogique et incohérent de vouloir se rendre au palais sans même savoir pourquoi. Pourtant, lorsque Chisanashi théorisa que le mortifié ne voudrait pas partir, l'être gonflé trouva moyen de rétorquer...

-Mon frère d'arme. De tous les êtres de ce monde et des deux autres, tu es sans doutes celui pour lequel j'ai le plus de respect... Mais ta sottise est effarante.

Le monstre tourna alors sans mouvoir la moindre partie de son corps sous ses épaules, sa tête jusqu'à fixer le chat.

-Je ne désire en effet pas établir une vie paisible dans ce palais. Et si j'étais toi, je ne nourrirai même pas l'espoir que ce soit possible... Mais en aucun cas je ne me refuserai d'au moins le visiter. Je te suivrais lorsque tu partiras... Car nous sommes au moins deux à être incommensurablement sots.

Je finis par soupirer légèrement à force de les écouter parler, même si mon visage semble toujours figé à cause de ce masque.

"C'est une jolie discussion de sourds que vous avez là. Puisqu'on ne semble globalement d'accord que pour voir ce que renferme ce palais, autant y aller tout de suite et voir ce qu'il en est. Et contrairement à toi Yupi, j'essaie tant bien que mal d'améliorer ma qualité de vie si cela a la moindre chance d'être possible, même si je me fais peu d'illusions. Au moins je ne me mens pas à moi-même en me disant vouloir mourir et à côté tout faire pour survivre"

On fini par enfin se diriger vers l'immense structure qui défini une partie de la ligne d'horizon. Il a fallu un certain temps pour couvrir la distance assez effarante qui nous y en sépare. Qui a bien pu avoir eu l'idée de construire quelque chose d'aussi ridiculement grand? Dans quel intérêt? Et combien de siècles ça a pris? Toutes ces questions resteront probablement sans réponses. Tout ce que j'espère c'est que le nombre d'habitant n'est pas proportionnel à la taille de la structure.

Une fois arrivé devant l'entrée, guidés par la fille au cheveux verts, on peut voir que l'entrée était encore une fois gardée par plusieurs arrancars. Leur niveau semblait relativement faible à priori, rien d'insurmontable. Comme je me l'imaginais, entrer devrait être simple, mais explorer l'intérieur est sûrement une autre histoire. La meilleure option serait d’espionner discrètement, mais c'est pas le point fort du grand gaillard, et l'arrancar, je ne connais pas ses capacités et ne lui fait pas confiance non plus.

"Comme on sait pas ce qui nous attend à l'intérieur, je propose de m'y faufiler seul. Ma petite taille m'aidera à être discret. Je dirais pas non à une diversion pour le comité d'accueil ici par contre"

En vérité il aurait fallu amener l'autre souris pour qu'elle puisse explorer tout de fond en comble avec ses versions miniatures, mais bon très peu pour moi de refaire l'aller-retour maintenant.

Après la fin du petit duel oral entre les deux êtres sous évolués, le groupe se mit en avant vers le palais. Durant le trajet, Yupiyakel qui n'avait aucunement répondu à la dernière phrase de Chisanashi faisait cependant l'effort d'y repenser. Odi se mentirait à lui même, selon le félidé ? Évidemment, c'est complexe de se rendre compte de l'honnêteté qu'on affiche à soi même. Mais le raisonnement de l'adepte du gel semblait plutôt bon. Et pour le coup... L'amérindien parvint à omettre le palais, ne pensant plus qu'à ce fait qui lui semblait de plus en plus établi. Et ce n'est qu'après avoir parcouru la trop longue distance séparant le groupe de son objectif, qu'il se concentra à nouveau sur l'objectif. Alors que Chisa se portait volontaire et Asuna constatait un renforcement de la garde, la bête ferma les yeux pour percevoir les reiatsu présents par un Pesquisa.

-Si c'est là le renfort de la sécurité, alors ils ont fait l'erreur de miser sur le nombre plutôt que sur l'efficacité de leurs gardes. Je suis certain que nous saurons les écarter sans avoir à alerter la forteresse.

L'imbécile géant plia les jambes, caressant du bout des doigts le sable, et observant ces grouillots qui osaient faire obstacle à la curiosité insatiable des Adjuchas. Mais comment les éliminer sans tout faire sauter, ce qui aurait l'effet plausible de rameuter les gros bonnets de la forteresse ? Oh, certes, cela n'aurait pas gêné Yupiyakel qui aurait vu sa curiosité comblée. Mais les deux autres pourraient bien lui en tenir rigueur. Une petite idée vint à l'esprit du mortifié lorsque la femme teintée de vert explicita ses capacités. Sous la main droite de Yupi, le sable se mit à s'écarter, formant un petit trou, puis celui-ci se creusa par la volonté de l'horrible bestiole, pour former un tunnel tout juste assez grand pour qu'un enfant de onze ans puisse y ramper.

-Ce passage devrait te faire atteindre l'entrée sans te faire repérer, Chisanashi. Une fois à l'intérieur cependant, je ne pourrais rien pour toi.

La bête se releva alors, et se tourna vers son binôme.

-Tu dis être rapide ? Alors certes. Tu vas prendre le plus de risques. On pourrait évidemment, pour les divertir, les charger à coups de sabres et de Cero jusqu'à tous les liquéfier... Mais leur source de renfort est trop proche. Toute la forteresse débarquera. Voici donc ce que tu vas faire, femme. Tu vas les provoquer. Tu t'y prends comme tu le désires. Que ce soit par les insultes ou même en les frappant, qu'importe. Dans la minute cependant tu devras t'être éloignée et garder une distance significative avec eux. Moi, pendant ce temps, je serais sous le sable, à faire ceci...

Sans plus prévenir, le sable sous les pieds d'Asuna s'écarta, formant un trou assez grand pour y faire passer lui même. Ce petit piège était profond de deux mètres et demi, et d'un peu moins de diamètre. La bête passa alors sa tête en y regardant le fond, que la demoiselle soit tombée dedans ou non.

-Je les assommerais un a un avec ces trous... C'est la manière la plus discrète que j'ai de les neutraliser. Si tu ne rencontres pas plus vif que toi, tu devrai survivre. Pendant ce temps Chisanashi tu mènes ton exploration et si nous nous sommes bien débrouillés, tu ne rencontrera pas de résistance à ta sortie. Avez vous un problème avec cette idée ?

Les deux camarades de fortunes semblaient être d'accord sur ma proposition, et le grand macabre m'a même déroulé le tapis rouge en me créant un tunnel pour pouvoir encore mieux me faufiler à l'intérieur.

"Pas de soucis de mon côté, essayez juste de ne pas trop en faire ou de les laisser filer. Je pourrais m'occuper d'un potentiel renfort de menu fretin, mais si les patrons se ramènent je sais pas si je serais de taille"

Je me faufile dans le petit tunnel et attend leurs diversions, puis lorsque leurs attention est portée sur eux je file à l'intérieur du grand bâtiment. Le couloir est assez long, mais je ne m'y attarde pas. Je finis par arriver dans une salle ridiculement grande, comme on pouvait s'y attendre, mais à priori rien de bien intéressant à remarquer. C'est à croire que la taille du bâtiment est vraiment juste là pour faire imposant, mais qu'il n'avait pas l'utilité de tout cet espace.
Finalement j'arrive enfin dans une salle peuplée, avec pas mal d'arrancars, par chance je suis dans les hauteurs de la salle et pas repéré. Je les observe un temps et explore les recoins peu fréquentés. Ils semblent avoir une certaine organisation, cependant les tensions sont palpables. La transformation en arrancar n'a pas dû complètement leur supprimer leurs instincts sauvages. J'entends certains termes intéressants, tels que "espada" qui semble indiquer leurs dirigeants, certains semblent avoir été des Vasto Lorde avant de devenir arrancar. Ca donne une idée de la puissance minimale des plus forts d'entre eux... J'entends aussi parler d'un "roi". Je pense pas prendre trop de risques en disant qu'il doit être d'assez loin la personne la plus puissante de ce monde, pour contrôler toutes ces teignes. Et pour être encore au-dessus d'arrancar à base de Vasto Lorde... Bon, ça me donne de bonnes informations déjà, les deux autres doivent s'impatienter, et j'ai une idée globale de la vie ici.
Aussi discrètement qu'à l'aller, j'entame le chemin du retour. Les deux compères ont dû bien bosser car j'ai pas eu la moindre trace d'alerte.

Le plan de Yupiyakel sembla plaire aux deux bougres. En vérité, n'importe quel Hollow aurait pu penser au moins à l'étape de distraction. C'est la base de la chasse en infériorité numérique: créer ou attendre une diversion pour s'occuper discrètement et au cas par cas de ses cibles. Même si les groupes de Hollow étaient rares, les escarmouches où des dizaines de Hollow luttaient à leur unique gloire étaient légions dans la forêt des Menos. Combien de fois Odi avait-il usé de ce stratagème pour s'emparer sans être blessé de cinq proies... Deux fois en vérité. Le plus souvent, il fonçait dans la mêlée. Mais pour une fois qu'on demandait une tête pensante, pourquoi ne pas enfiler le bon rôle ? Maintenant validée, l'idée allait être expérimentée. Le seul petit problème est que dans cette chasse, les proies étaient alliées, qu'elles avaient des renforts proches, et qu'il n'y aurait pas de seconde chance... Ce qui ne fait donc pas un petit problème, mais trois gros. Cependant si les camarades du mortifié validaient ce plan,discutaillé eut été innutile.

La bête attendit simplement en silence que chacun donne son avis, avec le respect d'Asuna en plus, puis lorsque le félidé disparu dans le tunnel, et que la verdâtre déclara "c'est partit'", le fossoyeur bondit dans le trou creusé quelques secondes plus tôt, et laissa le sable le recouvrir par sa seule volonté la faille. Voilà... Le traqueur était maintenant caché, il releva son regard rouge, et serra les poings avant de déclarer...

-Peskis...

Le bougre observa alors les mouvements des reiatsu environnant. Aucun doute, Asuna était au dessus du lot, si grossière soit la détection du colosse, c'était évident. Sans plus attendre, la bête tendit la main vers l'est, et un tunnel de sable sembla se former, alors que de l’extérieur il aurait fallu être concentré pour voir une dune vaguement se surélever et s'épaissir. La bête s'enfonça alors au fond de ce tunnel, tout en continuant de ressentir les énergies environnantes. Asuna ne se contentait pas de fuir, elle n'hésitait pas par moments à créer le contact, ce qui déstabilisait les adversaires et... C'était une bonne chose. Les troupes se mettaient alors à stagner, et le monstre n'avait plus qu'à choisir une cible immobile pour la saisir.

La première prise fut on ne peut plus facile, ce fut lors d'une frappe d'Asuna. L'arrancar, un maigrichon au masque formant un collier, tenta de lancer des Balas pour arrêter la verte guerrière. A peine eut-il le temps de lancer son premier projectile que le garde de Las Noches fut saisi à la cheville par une main décomposée sortant du sable, à peine éclairée par les rayons de la lune. La proie hoqueta de surprise, et avant de pouvoir hurler, il fut plongé dans les entrailles du sol, dans une sphère d'air sous le sable où il fit face à deux mètres Cette fois, la lune n'éclairait rien. La seule lueur qui permit à la victime de voir son assaillant était la paire d’yeux de ce dernier. Une lumière d'un rouge cramoisi laissait apparaître un masque semblable aux crânes recomposés de plusieurs bêtes en un seul objet, le tout tacheté de sang coagulé. Ne parlons pas du corps dont le faible ne put voir que les épaules, dont la droite avait la peau arrachée, lancinante, et sanguinolente, et la gauche était si sombre qu'on eut dit qu'elle avait été brûlée à l'essence, puis recouverte de cendres. Innutile donc de développer l'effroi qui résultat de cette vision dans l'esprit de la victime. Ajoutez à cela l'effet de l'étouffement, car la première chose que fit Yupi pour empêcher les hurlements fut d'enfoncer la gorge de sa cible par la main gauche... Et maintenant, l'arrancar savait ce que cela faisait d'être face à l'échafaud de sa mort.

Il serra son poing armé, et tenta d'enfoncer son katana dans la gorge du monstre. Mais trop occupé par sa peur, il ne parvint pas à concentrer son reiatsu, et c'était presque aussi pitoyable qu'un coup qu'eut donner un humain. Il aurait fallu au bas mot mille fois plus pour transpercer le Hierro de l'horrible personnage. Tenant toujours de sa main gauche le cou de sa victime, le mortifié leva son poing droit et l'abattit sur le crâne de l'ennemi encore, et encore, et encore ! Il ne fallut ici que trois coups pour que le bougre cesse de bouger. Était-il mort ? Inconscient ? Le monstre ne savait pas, et s'en moquait. Manger un être vif ou un cadavre, c'est pareil. Il laissa là sa proie pour l'instant, et partit à la recherche d'un autre ennemi.

Il répéta sa chasse cinq fois, et la cinquième fois, alors que le dernier poing s'était abattu sur une pauvre femme à l'air enfantin qui ne lui aura pas attiré la pitié de la bête, le glas d'une cloche se fit entendre. Odi leva alors la tête aux cieux de sable, murmurant...

-C'est un échec... L'alarme est déclenchée... Quel dommage.

-Ouai...

La bougresse était bien plus solide qu'elle en avait l'air, car après quatre coups, elle était toujours consciente et capable de parler malgré une mâchoire qui ne fermait plus.

-C'est con, hein ? Les renforts vont arriver ! Toi et ta petite copine vous allez crever ! Vous allez crever comme des chiens ! J'éspère qu'un espada va vous décapiter ! Oooh oui !

La bête n'avait pas tout compris, notamment lorsque la demoiselle parla du grade d'espada, mais il se permit d'expliquer...

-Vous avez mal compris... C'est dommage... Pour vous. Creador.

Le sable se rassembla alors dans la main droite de l'horreur sur pattes, et il se solidifia jusqu'à devenir dur comme la pierre, voir l'acier, formant une lance à la pointe en gueule de scie. Alors que la provocatrice multipliait les coups de zanpakuto sur le Hierro qui ne lâchait rien, elle... Fut lâchée par la main gauche de Yupiyakel qui la frappa dans la seconde de ce même membre, assommant la bougresse. Pourquoi ne pas l'avoir achevée ? Comme ça... Il lança un nouveau peskis et... Une explosion se fit dans le sable, créant à la surface un nuage de poussière. Sortit dans un Sonido de cette brume sableuse, Odi, qui atterrit face à un arrancar crédule, pour l’empaler de sa lance et le soulever à un bras au dessus de sa tête. Le pauvre évolué fut mille fois trop lent pour réagir, et il resta coincé par la lance à se faire déchirer les entrailles. L'avantage de la tête en scie était qu'en plus d'agripper la victime correctement, la cible subit une hémorragie plus que grave tant elle se fait éventrer aléatoirement. Avec ce pauvre bougre qui perd à haute vitesse son premier litre de sang sur son masque, Yupiyakel tourne son visage vers Asuna, sans bouger son corps, distordant son cou et sa nuque, avant de déclarer d'une voix qui semblait en réunir une dizaine...

-Cheveux verts... Tues les, assommes les, fais comme tu veux... Mais sois rapide. On doit avoir terminé ces gêneurs avant l'arrivé des renforts. Je sens que Chisa revient... Nous n'aurons pas longtemps à tenir. Peut être même arrivera-t-il avant la prochaine vagues d'ennemis. Surtout n...

Pendant qu'il parlait trop, deux arrancars lui foncèrent dessus, et tentèrent de lui trancher de leurs lames le bras armé pour l'un, et le masque pour l'autre. La lame qui vint au bras du monstre ne transperça pas le Hierro -quelle surprise-, et le bougre qui attaqua le masque se retrouva littéralement avec la jambe droite embourbée dans un bloc de sable qui avait subitement durci à deux mètres du géant. Ce devait être incompréhensible dans le chaos. Après tout, si vous êtes dans un désert, persuadé que vous êtes fort, et que d'un coup un monstre manipulant le désert lui même vient pour vous déboîter avec ce que vous pensiez être le plus inanimé des terrains... Vous ne comprendriez pas ce qui vous arrive.

Ainsi, le pauvre gaillard qui s'était fait embourbé dans le pouvoir de Yupi se fit ensevelir assez vite, et finalement, il n'y eut plus que son visage qui dépassait du bloc. Mais lui, au moins, est sûr de survivre. En revanche, l'assaillant du bras, recule, et se fit jeter dessus l'empalé. Alors qu'il subissais le choc léger, mais surprenant, de son camarade, des lances de sables se formèrent dans son dos pour le frapper sans prévenir. Son hierro et ses os protégèrent ses points vitaux, mais inutile de dire qu'il perdait plus de sang à la seconde que si il avait perdu un membre. En somme... Fin de l'infiltration ?

Je courre vers la sortie, et j'ai parlé un peu trop vite concernant l'efficacité de mes comparses, car l'alarme retenti. Mon peskis m'informe que les deux hollows semblent aller bien, donc ça devait être une erreur d'inattention. Les arrancars commencent à grouiller à l'intérieur, ils ne vont pas tarder à venir en renfort. Une fois sorti j'utilise mon crionica pour sceller l'entrée avec un épais mur de glace, qui devrait les retenir suffisamment longtemps pour nous permettre de s'occuper de ce qu'il reste des troupes dehors. Mais pendant que je l'utilise je me rend compte que quelque chose s'est prit dans la glace, ressemblant à un arrancar invisible. Je n'avais pas senti sa présence non plus. C'est sûrement lui qui a déclenché l'alarme, ce n'était donc pas une faute d'inattention.

"C'est triste, on dirait que tu étais au mauvais endroit au mauvais moment."

Je le gèle complètement puis brise sa tête gelée d'un coup. Un ennemi avec un pouvoir pareil aurait été très dangereux, même si faible. Je rejoins ensuite les deux compères de fortune et lance quelques balas pour nettoyer le terrain.

"J'ai eu des infos, maintenant il vaut mieux partir avant que..."

J'entends ma glace se fracasser d'un coup derrière moi, laissant place à une aura assez imposante

"...Que les renforts ne rappliquent. J'aime quand un plan se passe comme prévu. On a ferré un gros poisson en plus"

Plutôt que de rester trop proche de lui je viens les rejoindre afin d'être plus en sécurité, et ne pas avoir l'air menaçant, surtout comparé au cadavre ambulant qui m'accompagne. L'arrancar qui ressemblait à un général ou quelque chose du genre a la carrure d'une jeune fille, mais comme moi son apparence est trompeuse, elle sera une adversaire coriace.