Aujourd’hui, Eleonore se sentait un peu mélancolique et en même temps, légèrement furieuse. Elle venait tout juste, une fois de plus, de se voir insultée, écrasée et humiliée. Mais ça, à la rigueur, ça ne la dérangeait pas. Ce qu’elle ne supportait pas, c’est de voir son travail allègrement piétiné et insulté. Après tout, une personne en elle-même ne vaut rien, elle n’est que la somme de ses actions et de ses créations. Donc naturellement, en revenant vers l’académie pour se remémorer des jours meilleurs, elle ne s’attendait pas à voir un petit malin se glisser en dehors des cours, seulement pour voir une épée se planter devant lui comme un javelot. Bien sûr, une telle précision aurait été impossible pour une personne seule, mais rien de trop compliqué quand l’épée atteignait toujours sa cible.

- Je peux savoir ce qu’un morveux fait dehors seul à cette heure ?

En ne cachant plus ses cicatrices, elle montrait un visage d’autant plus inquiétant que ses brûlures semblaient presque s’être assombries, absorbant toute la lumière qui leur arrivait dessus. Elle n’avait même pas besoin d’une réponse, son visage et sa démarche disaient tout. A la place, elle attrapait son kimono du bout de sa rapière, et le soulevait en l’air. Abîmer un tissu fait plus ou moins en série ne lui posait aucun problème, elle qui privilégiait la qualité et l’individualité.

L’étudiant terrifié n’a pas tout de suite repris ses esprits, particulièrement avec l’oxygène qui menaçait de lui manquer s’il s’agitait trop, ou peut-être à cause de la pointe qui lui chatouillait la nuque.

- Il faut que je t’affiche comme ça dans toutes les classes jusqu’à ce que je trouve la bonne, ou est-ce que tu vas essayer de coopérer ?

Cette fois-ci, bien sûr, elle réussit à avoir une réaction de la part de l’élève, qui craignait plus pour sa vie que pour son honneur. Dans le couloir, il y avait quelques personnes qui l’avaient déjà vu, de toute manière, et ils regardaient la situation avec un certain amusement, l’artisane profitant de son bouclier humain improvisé pour cacher une partie de son visage, en le tenant à côté d’elle.

Entrée dans la classe, elle accrochait l’élève au mur d’un coup de son sabre de manière à ce que ses pieds touchent à peine par terre, avant de se retourner vers le reste de la classe, qui semblaient en pleine sieste.

- A quoi bon leur faire s’entraîner contre un mannequin ? Il n’y a pas de meilleure motivation que la compétition et la bataille. Donne une récompense au premier, punit le dernier ou met les les uns contre les autres, et là, tu obtiendras du résultat.

En disant ça, elle n’avait même pas encore remarqué qui était l’enseignante, et partait du principe qu’il s’agissait de quelqu’un qui n’était pas encore bien connu, si un élève osait s’en dérober. Bien sûr, il y avait aussi que la jeune génération n’avait absolument aucun respect pour les règles établies, mais c’était à eux de leur inculquer les bonnes manières. Quand ses yeux ont enfin remarqué des cheveux bleus, assez remarquables au Seireitei, elle ne réussit pas à contenir un petit sourire, à relever ses épaules et bomber un peu le torse, fière de voir quelqu’un qu’elle connaissait, même si ses méthodes étaient un peu mollassonnes.

- Il y a deux options, ou bien tu progresses particulièrement vite, ou bien il y a si peu de personnel qu’ils engagent vraiment n’importe qui à l’académie. Je vais être bienveillante et me diriger vers la première solution. Mais en attendant, je t’ai ramené un nouveau mannequin d’entraînement.

En barrant toujours la porte et d’un revers de la main, elle retirait l’épée sans aucun problème, et l’élève ayant tout juste retrouvé une quantité suffisante d’oxygène regardait autour de lui, un peu désorienté et sans savoir que faire.

-Alors comme ça, ton premier cours s'est mal passé? Rien de bien surprenant, personne n'arrive à enseigner lors de son premier cours. Pour ton petit Atsuki, je m'en charge. S'il est venu à l'académie, ce n'est pas pour rien, et quitte a ce qu'il finisse chez les soigneurs à balayer le sol, je vais lui faire passer l'envie de déserter.

Eleonore regardait le groupe d'étudiants qui méditait, et contemplait l'offre de Yun par la même occasion. Fallait-il qu'elle accepte son offre? Elle n'arrivait pas à remarquer un semblant d'harmonie, et le Kido n'avait jamais été sa matière forte, prnicipalement quand à l'époque, elle ne comptait que sur sa compétence d'épéiste. Malgré tout, avec un petit sourire, l'artisane décidait de se prendre au jeu. D'un revers de la main, elle retirait le reste de maquillage de son visage, et s'adressait au groupe qui méditait.

- Ceux qui en ont marre de méditer et qui se croient plus forts que les autres, venez par ici, histoire de montrer à tout le monde ce que vous valez. N'ayez pas peur de vous ridiculiser, y'en a qui sont juste pas faits pour apprendre le Kido. Vous pourrez toujours vous rattraper sur les autres matières. Ceux qui préfèrent obéir aux règles et qui n'ont pas l'ambition pour monter au sommet, vous pouvez vous mettre dans les coins et prendre une pause ou continuder à méditer.

Elle cherchait naturellement les élèves les plus hargneux et les plus combattifs, car elle savait bien qu'ils feraient les meilleurs exemples, à la fois pour les encenser, mais aussi pour les descendre par la même occasion. Elle les répartit autour d'un cercle, et plaçait l'un des mannequins entre eux.

- Si y'a des chochottes, c'est votre dernière chance de vous en aller. Si vous restez, vous risquez de vous prendre un mannequin dans la figure. Mais vous en faites pas, ça fait à peine plus mal qu'un Asauchi.

Bien sûr, à cette distance, toucher quelqu'un avec le mannequin ou avec un Sho demanderait un niveau inatteignable par un simple étudiant, mais si certains élèves étaient assez intelligents pour tirer leurs techniques au même moment, il y avait une chance que l'un d'entre eux se prenne un coup. Au pire, il y aurait un bras ou une jambe cassée, mais rien qui n'empêche un élève de continuer à étudier

- On va jouer à un jeu. Tout ceux qui sont face à la marionette, vous êtes dans une équipe, et ceux qui sont au dos dans l'autre. Votre but, c'est de réussir à envoyer le pantin dans la zone intérieure de l'équipe adverse, on va dire... Au niveau des quelques derniers. Une fois que ça arrive, l'équipe perdante choisit d'éliminer quelqu'un de son équipe. Aussi, si jamais quelqu'un se fait toucher par le mannequin, il est éliminé d'office.

Bien sûr, elle ne donnait pas d'instruction pour ceux qui se trouvaient sur les côtés, qui devaient donc deviner un peu au hasard. Elle aurait apprécié remplacer le mannequin par le jeune Atsuki, mais une telle solution lui paraissait un peu violente pour des étudiants, et il ne fallait pas qu'elle fasse trop mauvaise impression devant le potentiel remplaçant de Tesnhi

- Les meilleurs auront le droit d'apprendre une technique qui ne se trouve pas dans les livres pendant que les autres devront continuer de travailler sur le Sho. Dernière occasion de rejoindre ou de quitter le cercle!

Comme dans un atelier, les meilleurs et les plus curieux évoluent plus vite que les autres. A une voix un peu plus basse, elle se permettait même de rajouter quelque chose d'un peu plus culotté pour son ancien élève.

- J'ai dis les meilleurs, pas les vainqueurs. A moins que quelqu'un ne se fasse directement éliminer, ça sera une bonne occasion de voir tous les potentiels et de t'occuper des plus prometteurs.

Eleonore semblait avoir de la compassion pour la jeune professeure. Une première quand on connaissait son caractère. Cette première propose de s'occuper d'Atsuki, en vue des paroles, il n'allait pas jouer les fiers très longtemps. La rouquine commençait à se prêter au jeu. Sa méthode n'avait rien à voir avec celle de Yun, ce serait surement plus radical.

Etonnamment, une bonne partie des élèves avaient déjà rejoint le cercle. A croire que la bleuté n'avait pas l'étoffe pour enseigner. Les jeunes recrues semblaient préférer la compétition. Enfin, comment réussir à méditer quand il y avait un jeu à proximité. L'institutrice continuait d'observer son ancienne mentore, mais également tous les gamins. Certains c'était pris à l'activité, d'autres restaient en retrait et commençaient à se rapprocher de Yun cherchant du soutien sur ce qu'ils devaient faire.

Yun : L'activité ne vous tente pas ? C'est vrai que la compétition ne plait pas à tout le monde. Avec le bruit ambiant, la méditation risque d'être compliquée. Après, c'est aussi une aubaine. On n'est pas toujours dans le calme pour appeler son reiatsu. Dites-vous, que c'est une concentration d'un niveau au-dessus. Si vous arrivez à passer outre le brouha ambiant, vous pouvez être sûr que vous êtes sur la bonne voie.

Les élèves, qui ne participaient pas à l'activité, semblaient plus rassurés et commençaient à s'éloigner pour reprendre la méditation. *Bon, je ne suis pas si mauvaise que ça finalement*.

Eleonore continuait ses explications en les montants les uns contre les autres. En tant qu'adversaire, mais aussi en tant qu'allié avec ce principe d'élimination. Pour couronner le tout, il y avait une récompense à la clé. Cette dernière devait surement être fictive, mais bon, ce qui importait c'était le résultat.

Les étudiants étaient maintenant tous en place, même si ceux qui étaient sur les côtés semblaient perdus de ne pas avoir reçu d'instructions. Pendant ce temps, la rouquine faisait une remarque constructive, sur le fait que les élèves prometteurs sortiraient du lot. Utilisant également une voix basse, la bleuté répondait.

Yun : J'espère que tu as raison. Tant qu'ils ne se blessent pas trop grièvement. Dans le cas contraire, c'est moi qui risque de prendre une chasse de la part de l'administration. Au moins, je suis contente, y'en a quelques-uns qui continue de suivre mon enseignement, tu n'as pas réussi à tous les embobinés. Enfin, après c'est moi qui t'ai fait l'offre de prendre ma place, donc je ne peux m'en vouloir qu'à moi-même. Une dernière chose, y'a un certain Atsuki qui se fait la belle, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué.

A aucun moment Eleonore n’avait pensé à laisser certains élèves méditer ; une fois de plus, sa mentalité très ambitieuse lui causait défaut. Mais heureusement, la nouvelle professeure semblait un peu plus pédagogue, quelque chose qui lui aurait presque décrocher un sourire si son égo le lui permettait. A la place, elle se contentait de respectueusement hocher la tête.

- Qu’ils se blessent, ça n’est pas important. La douleur peut leur apprendre beaucoup, et un simple mannequin n’aura pas vite fait de les envoyer à l’hôpital.

Elle se concentrait tout de même sur le cercle, pour essayer de voir si l’un d’entre eux allait envoyer le pantin trop loin et l’arrêter, quitte à devoir le transpercer d’une flèche. Elle était tellement concentrée qu’elle ne remarquait pas non plus le petit fuyard.

- Laisse-le s’échapper, je m’en occuperais personnellement un peu plus tard.

Avec un petit soupir, elle jetait un coup d’oeil par dessus son épaule, moment pendant lequel le pantin fut enfin jeté sur quelqu’un en pleinn torse, moment spectaculaire et un peu douloureux, mais qui ne laissait heureusement pas de séquelles physiques sur l’élève.

- Si vous voyez que le pantin se dirige droit sur vous, lancez un Sho, même s’il n’est pas puissant, ça réduira au moins la force de l’impact. elle se tournait ensuite vers Yun Peut-être que la clause d’élimination n’était pas judicieuse, dans ce cas là… Je te laisse décider. Après tout, tu as l’air plus entraînée que moi.

Cette petite blague, un peu acerbe peut-être, témoignait bien de l’état d’esprit de l’artisane, qui sentait les choses lui échapper et qui n’appréciait vraiment pas ça. Malgré tout, et pour essayer de diminuer un peu le conflit, elle laissait s’échapper un soupir agacé.

- Peut-être que ton idée de base était la bonne, finalement. Ils sont beaucoup et semblent manquer un peu de jugeotte, peut-être que je devrais te faire confiance là dessus. Après tout, je n’ai pas à te dire comment battre le fer dans ton atelier, même si je crains que tu n’arrives pas à faire grand-chose de signifiant.

Comme à son habitude, elle ne restreignait pas sa voix, se fichant totalement de qui pouvait l’entendre insulter l’ensemble des élèves, pour qui elle n’avait encore pas acquis de respect.

- Je me demande juste comment tu vas réussir à faire pour que les quelques bons réussissent à prospérer malgré tout le reste.

Eleonore n’avait pas besoin d’une nouvelle leçon d’humilité, elle en avait déjà eu une suffisante la dernière fois, mais elle ravalait son orgueil devant l’enseignante qui, bien que débutante, devait mieux connaître ses élèves qu’elle. Malgré tout, elle ne se retenait pas d’un dernier commentaire, à une voix un peu plus basse cette fois.

– Après un massacre comme celui qu’on vient de vivre, je m’attendrais à ce que l’académie retrouve une véritable discipline.

Malgré tout, elle se laissait guider et s’approchait du groupe d’élèves qui restait au milieu et qui ne faisait même pas attention à elle.

– Laissez-lui un peu d’espace !

Elle réussit à faire reculer quelques élèves avec sa voix, qui les surprenait légèrement et les fit se retourner vers elle.

– La première étape, c’est la discipline. Apprenez à maîtriser votre corps et votre esprit plutôt que de brasser de l’air. Pour ça, je comprends que la méditation soit importante, mais le fait que vous n’ayez pas pris l’habitude de méditer par vous même en dehors des cours m’inquiète légèrement – comment voulez-vous progresser à une vitesse raisonnable si vous n’avez même pas le minimum de compétences requises ?

Elle ne pouvait s’empêcher de retomber sur ces vieux vices, à préférer rabaisser les élèves plutôt que de les traiter de manière plus humaine, mais celle fois elle laissait aussi s’échapper une pointe d’espoir dans ses mots légèrement blessants.

– Pour changer, cette fois vous allez prendre de l’espace dans la salle, face à face. elle se dirige derrière l’un des élèves, le plus inquiet. Plantez bien les pieds dans le sol, jambes légèrement écartées et fléchies. elle s’assure que les élèves soient à une distance raisonnable, même si la taille de la salle ne lui permet pas de résultats satisfaisants. Changement d’exercice, vous allez devoir utiliser un Sho assez puissant pour faire reculer votre binôme, mais pas assez pour le faire tomber. Prenez autant de temps que vous voulez avant d’utiliser votre Sho… Et évitez de vous lancer dans le mur, il ne faut pas que vous vous blessiez.

Une fois l’exercice lancé, elle reprenait un pas en arrière, et attendait que les élèves finissent de méditer – et de réfléchir à la pleine absurdité d’un tel exercice. Certains d’entre eux avaient encore des problèmes à contrôler leur Reiatsu, et leur demander de savoir le maîtriser aussi tôt était inquiétant ou même terrifiant pour certains qui préféraient encore quitter l’exercice.

– Bon, je vous laisse quelques minutes pour vous préparer, je reviens.

Elle ne mit pas plus d’une minute pour revenir, avant de se mettre devant Atsuro, sans même le regarder, faisant confiance aux yeux de Marie pour l’aider à bouger et, si besoin à le rattraper par le col pour le remettre devant elle.

– Si tu veux partir, il faudra faire un Sho assez puissant pour que je ne puisse pas t’empêcher de sortir de la pièce. Je te conseille de commencer à méditer car si tu n’as rien à faire,on va être là longtemps.

Bien sûr, elle n’était pas sérieuse. Elle n’allait pas commencer à rester des heures juste pour un seul élève comme celui-là, mais elle ne pouvait pas s’empêcher d’être un peu cruelle. En même temps qu’elle ignorait le fuyard, elle s’adressait à Yun, essayant de lancer une conversation.

– Est-ce que je me fais vieille ou est-ce que c’est vraiment le monde qui est en train de faiblir ? Parfois, j’ai vraiment l’impression que je ne serais pas dépaysé chez les Hollows... Elle sourit, un peu amusée Ou peut-être à la place de Kenpachi. Est-ce que tu ne connaîtrais pas d’autre enseignant qui serait plus à même d’accepter mes méthodes?